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cekyophr5

- " Nous avons deux tiers de désert ! Et, pour le reste, des terres livrées pour au bon plaisir des pluies. Ah ces pluies ! Si je les tenais ! Elles ont beau leur "saison", elles tombent à leur guise et de plus en plus rarement. Allez les Anciens. Ils vous raconteront un temps où les famines ne revenaient qu'après de longues périodes d'abondance. Tout va plus vite aujourd'hui, y compris les désastres : 1973, 2005, 2010. Maintenant, [link widoczny dla zalogowanych] c'est chaque année qu'il manque de quoi . " Nous tombons vite d'accord. Un accord que semble désormais l'ensemble des ONG rencontrées plus tard : lorsque l'urgence ainsi se répète, c'est que l'état du monde a changé. Bien s?r, comme avant, on courra au plus pressé. Et qui osera l'action de celles et ceux qui sauvent des vies d'enfant ? Mais cette récurrence des crises commande de s' aux structures, aux raisons mêmes de cette [link widoczny dla zalogowanych] endémie de la faim.
En revenant du camp, je pensais au , à ce vaillant et pauvre pays parmi les pauvres : accablé déjà par tous les maux possibles, il n'avait pas besoin d'une guerre à ses frontières. Tout le monde sait que l'effondrement de Kadhafi a dispersé des armes dans tout le Sahara. Mais il a aussi asséché les flux de revenus qu'envoyaient au pays les 250 ou 300 000 Nigériens qui travaillaient en . Et à l'autre bout du pays, une autre rébellion s'agite autour du lac et au . Elle a pour seule ambition d' la charia et s'est choisi un nom qui dit tout : Boko Haram, qui pourrait se par "l'éducation moderne est un péché" – en d'autres termes, celle qui est ouverte aux filles... Oui, pauvre Niger, au c?ur du désert en même temps que dans l'?il du cyclone.
Et ces savants de s' : pourquoi ne recevons-nous d'aide qu'en cas de famine, à la vue d'enfants mourants ? Pourquoi seule cette émotion, un peu malsaine et voyeuse, entraine-t-elle la générosité ? [link widoczny dla zalogowanych] Pourquoi préfère-t-on toujours guérir que prévenir ? Le lendemain, le Haut Commissaire à l'Initiative 3N me tiendra le même langage. Son ambition tient dans son : "Les Nigériens Nourrissent les Nigériens". Et il est rattaché directement au président Issoufou. Lui aussi m'alertera sur l'urgence, toutes ces vies en danger dans les semaines qui viennent. Mais lui aussi m'implorera de en pour cette cause hélas bien démodée, oubliée de nos jours : l'aide publique au développement.
Alerte, alerte dans tout le Sahel ! La menace n'est pas seulement militaire, islamiste et terroriste. [link widoczny dla zalogowanych] Dans le seul Niger, quatre cent mille enfants risquent de de malnutrition. Bient?t. Faute de prise en charge rapide. Les traitements existent ; les équipes, compétentes, sont là, sur le terrain, pour les . A nous de . Et de notre appui, pour que chaque année ne revienne pas l'urgence.
Avant que la nuit tombe, j'aurai juste le temps de la modernité nouvelle de certains camélidés. Leurs confrères dromadaires continuent de du fourrage ou de des charrettes pleines de petits bois. Eux jouent les animaux sandwiches : aux feux rouges, ils arborent fièrement de longues tuniques où l'on chante les louanges de la .
On me cherchait partout, on doit me présenter le chef de ce village. Une haute blouse blanche s'avance. Tout le monde l'appelle Major. C'est une infirmière : Madame Sabo Salamate. Merci à cette grande dame ! Entre les incessantes demandes de ses collaboratrices, les consultations de dossiers, [link widoczny dla zalogowanych] les colères au téléphone pour une ambulance, les réconforts aux mères et les caresses aux bambins plus ou moins décharnés, elle a bien voulu me .
Et elle me quitte. Tout le monde la réclamait. Je frappe. Une sage femme, plut?t dés?uvrée, va m' la difficulté de sa bataille : " "Contr?ler" les naissances, personne ne l'accepterait. Les détestent la . Les hommes, c'est presque pire : quand ils n'engendrent plus, [link widoczny dla zalogowanych] ils se croient impuissants. C'est pourquoi nous défendons " l'espacement".
Elle m'ouvre une sacoche qui contient tout le "kit" : plaquettes de pilules, stérilets avec schémas explicatifs, préservatifs, sexe masculin en bois..." Je me permets de lui qu'on n'a pas trop l'air de se pour ses conseils. "Il faut les . Tellement d'enfants meurent ! Quand on les soignera mieux, les familles auront moins besoin de les naissances. Tout commence par les femmes, leur éducation bien s?r et aussi, et d'abord qu'on les respecte mieux !"
Peu convaincue par ma réponse, elle préfère le clou :
n'est pas loin : à peine quatre-vingts kilomètres. Des milliers d'hommes et de femmes la fuient. Ils trouvent refuge dans quelques camps établis à la h?te, dont celui-ci, le long d'une " forêt ", en fait quelques arbres rescapés du déboisement général. Les tentes ne sont que des b?ches, couleur bleue à l'enseigne de l'Unicef, couleur blanche quand le donateur est le HCR. Les deux gros boudins jaunes, ce sont des réservoirs d'eau.
Alors j'ose la question qui me br?le depuis mon arrivée :
Madame Salamate continue de me . Et sans rien , elle m'entra?ne vers la maternité et me montre un bureau minuscule. Contre sa porte une pancarte indique "Pour la vie et améliorer la [link widoczny dla zalogowanych] santé, espacez les naissances".
J'aurais volontiers assisté au cours de cuisine, à l'usage des jeunes mères. Mais l'Université m'attendait, avec des agronomes, des sociologues et des géographes. Leurs recherches s'intéressent à la capacité productive du pays. En mobilisant mieux les ressources, il devrait répondre aux besoins de la population. Après tout, dans les régions du sud, il y a des bonnes terres, du soleil bien s?r, et de l'eau en abondance, gr?ce au [link widoczny dla zalogowanych] fleuve Niger. Il suffit de la priorité à l'irrigation. Les autres conditions de l'autonomie alimentaire sont connues : amélioration des infrastructures, notamment les (comme partout en , près du tiers des récoltes pourrissent aux bords des champs, faute d'être enlevées à temps). Clarification du foncier. Lutte contre la spéculation, qui permet à de grands marchands d' en stockant le grain pour les meilleurs cours. Construction de filières : pourquoi les immenses troupeaux nigériens sont-ils si souvent vendus sur pieds au riche voisin Nigérian, qui empoche toute la valeur ajoutée ?
Une femme se tait, les yeux dans le vague. Elle est assise sur une natte. Elle n'a pour toit qu'une de ces fameuses b?ches, tendues entre quatre morceaux de bois. Elle porte dans ses bras un tout petit enfant, qui para?t bien faible. Le traducteur me murmure à l'oreille qu'il est "référencé", c'est-à-dire qu'il vient d'être reconnu comme souffrant de malnutrition grave et que, dans la journée, on va le en charge. Deux enfants se disputent avec une chèvre qui veut leur une bouteille vide.
Madame Salamate m'explique l'enchainement malnutrition-faiblesse-maladies. Elle résume, elle simplifie, elle s'en excuse : tant de t?ches l'attendent ! Elle me dit sa confiance : si nous réussissons à les centres comme celui-ci, nous ferons beaucoup les décès. Elle me dit son angoisse : "Le gouvernement a proclamé la gratuité des soins ; je paie, il rembourse ; mais il n'a plus assez d'argent : il me doit vingt-sept mois d'arriérés ! Comment je fais, moi, pour les médicaments ? Je sais bien qu'il ne sert à rien de aux femmes des ordonnances : beaucoup n'ont pas [link widoczny dla zalogowanych] de quoi régler la pharmacie."
Le camp de Mangaize abrite pour l'instant près de 3 000 personnes, dont beaucoup, beaucoup d'enfants mal nourris (les diagnostics exacts sont en cours). Et le flux de réfugiés continue.
Mon traducteur s'impatiente. Vous allez écouter tous les réfugiés ? Ils ont tous la même histoire ! Allons plut?t le club. Quel club ? Celui que l'Unicef a ouvert pour les enfants. "Autrement, ils ont des trop tristes". Je pénètre dans une grande tente, fa?on mariage. Les enfants doivent être une bonne centaine. Tout joyeux, ils apprennent des chansons. Plus tard, ils joueront. Au foot pour les gar?ons, au pour les filles.
Voir :
Soudain la femme se met à . Elle est partie seule avec ses enfants. Elle est partie parce qu'elle avait trop peur pour eux. Ils ont marché quinze jours dans le sable. Des villageois les ont nourris. Et puis, à la frontière, un camion les a transportés. La femme se tait. Le traducteur dit qu'elle doit à son mari. Il a choisi de là-bas pour de un peu de son bétail. Les rebelles volent tout.
Niamey. Dans le nouveau quartier qui a surgi tout autour de l'aéroport, un de santé, soutenu par l'UNICEF. Et je me retrouve au c?ur d'une foule bigarrée, rien que des femmes et de tout jeunes marmots, les uns dans les bras de leurs mères, [link widoczny dla zalogowanych] les autres suspendus dans leurs dos. Ce petit peuple va et vient entre une demi douzaine de b?timents de plain pied. On dirait un village, un peu particulier. Je m'y repère assez vite. Dans la maison de droite, ce doit être l'accueil : on y suspend les gamins à une balance, puis on mesure leur taille et la circonférence de leurs tout petits bras. En face, on poursuit les examens et commence à . Un peu plus loin, on distribue des petits sachets brillants qui, selon toute probabilité, ne peuvent être que des aliments thérapeutiques. Les enfants ont l'air d', ils tètent une p?te qui m'a l'air de à notre cher Nutella, en plus clair... De l'autre c?té de la cour, de très jeunes filles écoutent religieusement une femme qui commente des dessins : à n'en pas un enseignement prénatal. Plus loin, un bureau d'état civil.
- " En zone rurale, des agents de santé établissent un premier diagnostic. En zone urbaine, les centres tels que le n?tre sont en première ligne. Comme vous avez vu, ils accueillent toutes les femmes qui se présentent et ils évaluent la gravité des cas. Il faut que dans notre pays, au delà des cas de malnutrition aigüe qui engagent le pronostic vital, un enfant de moins de 5 ans sur deux ne re?oit pas la nourriture qui lui serait nécessaire pour une croissance normale. L'existence d'un enfant sur deux est ainsi rabotée par des séquelles définitives, aussi bien physiques que cognitives. Autant de désastres personnels ! Et quel g?chis pour un pays qui aurait tant besoin de toutes ses forces vives pour se développer. Vous connaissez le Niger ?"
"Tout vient de la pauvreté, bien s?r. Quand on n'a rien ou si peu, comment ses enfants ? Chez nous, les deux tiers de la vivent avec moins d'un dollar par jour. Mais même avec un peu plus d'argent, il faudrait à bien s'. La plupart des femmes ne savent pas encore que durant les six premiers mois, le seul régime s?r, c'est l'allaitement exclusif ; et qu'après, il faut équilibrer, et pour cela des tabous imbéciles. Par exemple celui des ?ufs. Beaucoup pensent encore qu'en donnant des ?ufs à ses enfants, on en fera des voleurs !"
Une dernière rencontre confirmera ma conviction : le Niger tout entier se mobilise et il a besoin d'appui. Elle s'appelle é et dirige la Société de (STA). Sur un brevet de l'entreprise fran?aise Nutriset et de l' pour le Développement, elle fabrique les aliments thérapeutiques qui, en quelques semaines, permettent de [link widoczny dla zalogowanych] les enfants mal nourris. Pour ce , elle importe du sucre brésilien, du lait fran?ais, des vitamines et autres sels minéraux d'un peu partout. Mais c'est du Niger que vient, non sans mal, son arachide. Elle lutte pour les producteurs à leurs engagements, de prix et de qualité. Oh la vaillante personne ! Qui dirait que derrière son apparente indolence le long de son fleuve, sous cette chaleur accablante malgré l'ombre des acacias, Niamey la belle est riche de tant d'énergies ?
Sous la b?che voisine, un homme raconte qu'il a préféré tout plut?t que sa femme et ses deux enfants. Ils n'ont emporté qu'une valise de fer. Qu'est ce qu'il attend ? La paix ! croyez qu'elle reviendra vite ? Plus loin, une femme semble d'humeur joyeuse. On m'explique qu'elle vient d' qu'on a vu son frère vivant. Elle le croyait mort. Il arrivera d'ici deux, trois jours pour lui de l'.
- "Pourquoi, mais pourquoi tellement d'enfants [link widoczny dla zalogowanych] ?" J'ai regardé les chiffres en venant : sept enfants par femme au Niger en moyenne ! Record du monde.

Un moment de répit dans la consultation permet à la Major de . Elle insiste sur la complexité de la malnutrition, le grand nombre de ses causes.
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