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Les deux parents et leurs quatre enfants (les trois frères et leur soeur) se sont installés à Echirolles. Le père est mort peu après d'une rupture d'anévrisme. L'appartement des Noubissi, où tout le monde va et vient, est toujours surnommé "la maison du bonheur". Kevin est le seul de la à s'être converti à l'. "Pour des raisons profondes et intimes", dit sa mère sans s'étendre. Elle n'en finit pas de les lettres qu'elle re?oit depuis des semaines. De jeunes écritures qui pleurent son fils, le confident, "celui qui protège", qui "apaise les conflits", qui "permet de s'élever". "Tu étais trop bon pour le monde", dit un message.
"Jusque dans les années 1990, raconte-t-elle, il faisait bon là-bas. Puis le vandalisme s'est installé. Il suffit [url=http://www.jeremyparendt.com/jimmy-choo.php]jimmy choo chaussures[/url] de deux ou trois familles pour un espace. Je n'en pouvais plus de ma voiture cassée, les poubelles renversées, les boutons de l'ascenseur br?lés, le pipi dans [url=http://www.shewyne.com/peutereyoutlet.html]peuterey sito ufficiale[/url] l'ascenseur. Je passais la serpillière, ?a recommen?ait. On est partis."
Ce n'est pas d'une rixe qu'ils ont été victimes. Ni d'une banale bagarre entre bandes des cités. Sofiane et Kevin discutaient dans le parc Maurice-Thorez de la Ville Neuve d'Echirolles avec trois amis, dans la soirée du 28 septembre, quand ils ont été assaillis par quinze [url=http://park15.wakwak.com/~haruka/cgi-bin/off/yybbs.cgi]abercrombie Dans les sondages[/url] à vingt jeunes gar?ons aux visages masqués. Ils se sont jetés sur eux à coups de poignard, de pioche, de tessons avant d' au pistolet leurs corps ensanglantés. "C'est bon, il a son compte", a entendu le voisin qui a appelé les pompiers.
Steven, comme Kevin et Sofiane, fait partie du "monde du travail". Après un bac pro, il est chauffeur-livreur. Pour lui, ce massacre sidérant est une histoire d'humiliation. L'histoire d'un léger décalage entre deux quartiers, la Ville Neuve d'Echirolles, plus résidentielle, plus "classe moyenne", et la , aux loyers moins élevés, où évoluent quelques bandes violentes. C'est là qu'avaient eu lieu les émeutes urbaines de 2010, prétextes au tristement célèbre "discours de Grenoble" de . Un vaste commercial trace la frontière entre ces deux villes utopistes surgies de terre dans les années 1970, avec parcs et petits immeubles de quatre à six étages.
Steven est toujours là. Ce grand gaillard trentenaire vêtu de blanc et aux airs d'intellectuel est le frère a?né de Kevin. Il habite juste à c?té, avec sa mère et son petit frère Wilfried, dans un appartement avec . Lui et les autres font partie du [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]nike air jordan pas cher[/url] paysage, assis en rang d'oignons sur les marches en pierre.
Faut-il un massacre pour la vie ? Une impressionnante marche blanche, le 2 octobre, a réuni près [url=http://www.fayatindia.com/giuseppe-zanotti.html]giuseppe zanotti[/url] de 15 000 personnes venues de tous les quartiers. "Il se passe quelque chose, ici. Soudain les jeunes, les vieux, tout le monde se parle, se dit bonjour", racontent en choeur des grands-mères, mères du quartier et responsables d'associations comme Fran?oise Raynaud, Salima Amran et Rebiha Khelifi, décidées à se du drame pour sur le lien .
"LA VIE CONTINUE"
Le deuxième, qui venait d' une licence professionnelle en commerce et distribution à Aix-en-Provence, allait intégrer l'institut d'administration des . Ils étaient, comme le dit cette étrange expression qu'on entend maintenant, "dans le monde du travail". Un monde envié et désiré, donc parfois moqué et détesté, par le camp d'en face. L'autre monde : celui qui n'a pas étudié, celui qui ne travaille pas.
Les victimes étaient de la Ville Neuve d'Echirolles. Les assaillants venaient de la Villeneuve de Grenoble ou de la cité de l'ancien village olympique, juste en face. Ils évoluaient place des Géants, au coeur de la Villeneuve. La "PDG", comme on l'appelle. Un vaste espace entouré de petits immeubles et peuplé de statues artistiques géantes, mais entouré par des coursives labyrinthiques mal éclairées au néon, idéales pour les trafics et les embuscades.
MEUTE ENRAG?E
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Sofiane Tadbirt et étaient, de l'avis de tous, "la gentillesse incarnée". L'un beur, l'autre black ; 21 [url=http://www.mnfruit.com/airjordan.php]jordan pas cher[/url] ans chacun. Ils étaient inséparables. Ils faisaient office de [url=http://www.meiji-ya.net/cgi-bin/light2.cgi?res=30%22]louboutin pas cher Jean-Marie[/url] grands frères auprès des jeunes, toujours disponibles dans leur quartier des Granges à la d'Echirolles, en banlieue de Grenoble. Tous deux avaient pris les études au sérieux. Le premier exer?ait divers métiers, à la communauté de communes et comme auxiliaire de vie, et passait le bac en candidat libre.
. Il était entaillé à divers endroits. Voilà le dernier que Mohamed, le père de Sofiane, et Aurélie, la mère de Kevin, ont de leur [url=http://www.jeremyparendt.com/jimmy-choo.php]jimmy choo paris[/url] fils.
Il poursuit : "Mon frère était étudiant. Sofiane passait le bac en candidat libre. On a beau ne pas se conna?tre, tout le monde le [url=http://www.tatunet.ddo.jp/clues045/joyfulyy2/joyfulyy.cgi?getno=50772]hollister Joint Venture Marke[/url] savait. On n'est pas beaucoup à à l'école quand on a plus de 20 ans. J'ai beau , j'en vois pas. Avec le , le centre commercial, tout ?a, on se c?toie. Un étudiant qui gifle une petite racaille, ?a n'a pas la même valeur." [url=http://www.shewyne.com/hoganoutlet.html]hogan sito ufficiale[/url] A c?té de lui, Mehdi approuve en nuan?ant : "J'ai des amis à Villeneuve [de Grenoble], y en a qui sont très bien, la vérité. Pour les quinze qui ont fait ?a, il y en a deux cents qui ne sont pas d'accord."
Au pied du peuplier où le corps de Sofiane a été retrouvé, une stèle a été aménagée où s'accumulent les roses, les messages de paix et d'amitié, les photos des deux gar?ons au large . C'est là qu'ils avaient leurs habitudes avec leurs copains ?gés de 16 à 25 ans. C'est là que la meute enragée les a assaillis.
SE DU DRAME POUR SUR LE LIEN SOCIAL
Dans l'après-midi du 28 septembre, tout commence par une bagarre à Echirolles entre deux jeunes militaires venus de la Villeneuve de Grenoble et Wilfried, 16 ans, dont ils n'ont pas aimé le regard. Vers 20 heures, Kevin, son grand frère, s'en mêle. Il exige des excuses. S', l'humiliation suprême. Il a fallu cette meute de chiens enragés pour se une heure plus tard. Dix d'entre eux sont mis en examen pour assassinat et écroués.
"L'oisiveté et le désoeuvrement sont dévastateurs, il faut par les choses simples, conclut Aurélie Monkam-Noubissi. Les parents ne peuvent pas tout, soit qu'ils travaillent trop, soit pas assez. L'accueil périscolaire, pour les devoirs, devrait être obligatoire. L'école doit aux très jeunes les bonnes manières, le respect des lieux publics. à "bonjour", "merci", "s'il vous pla?t". Déjà ?a."
"Si les victimes avaient été blanches, note-t-elle, on aurait parlé de crime raciste et on n'aurait rien compris, car on n'en est plus là, ici. La jalousie envers ceux qui réussissent, ignorée de ses auteurs et de ceux qui la nourrissent, est la seule réponse que je vois. J'en entends dans mon cabinet, des bons élèves qui sont moqués, traités de "longues asperges". Par mon métier, j'observe ce sentiment confus : "Je me suis accompli dans quelque chose qui ne m'élève pas. Vous, si. Je vous envie et cette rage me fait mal et je la tourne en fierté, c'est ce qui me reste.""
Steven donne son explication : "Il y a des hiérarchies entre quartiers. On ne le dit [url=http://www.osterblade.com]moncler sito ufficiale[/url] pas, mais c'est insidieux. Si ?a c'était passé à Mistral par exemple [un des quartiers "chauds" de Grenoble], ?a ne serait jamais arrivé. Vu les crapules que c'est, ils auraient peut-être attrapé mon frère dans le centre de Grenoble et ?a n'aurait pas été plus loin. Mais là, pour des mecs de la , à Echirolles et se , c'est la honte."
Deux mois ont passé depuis le massacre d'Echirolles et la question taraude tous les habitants : pourquoi ? Ce n'était pas un crime raciste : on était beur et black du c?té des victimes, beur, black et blanc du c?té des agresseurs. Ce n'était pas une affaire de drogue : Kevin et Sofiane étaient réputés ne pas y . Ce n'était pas une affaire de vieilles rancunes entre bandes adverses : selon les proches des victimes, les uns et les autres ne se connaissaient pas, sinon de vue. Alors pourquoi ?
Voilà justement Wilfried qui passe, les écouteurs aux oreilles. Voilà aussi Michael et Benjamin, les deux gar?ons qui accompagnaient Sofiane et Kevin le soir du drame. L'un a eu une c?te cassée, l'autre un oeil amoché. Ils "checkent" avec Steven, [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]jordan pas cher[/url] ce salut où l'on se tape la main droite avec la paume, puis avec le dessus du poing refermé. Et passent leur chemin tête baissée.
Aurélie Monkam-Noubissi est une personne comme on en rencontre peu dans une vie. Une sage au grand coeur qui parle comme un livre et encaisse la douleur avec la force que lui donne sa foi protestante. Elle avait quitté [url=http://www.sandvikfw.net/shopuk.php]hollister sale[/url] le [url=http://www.teatrodeoro.com/hollisterde.php]hollister deutschland[/url] pour ses études de à l'université de Grenoble. Elle y est restée. Avec son mari, ils ont d'abord habité place des Géants, à la Villeneuve de Grenoble.
Aurélie Monkam-Noubissi est pédiatre et habite un joli appartement du quartier des Granges, à la Ville Neuve d'Echirolles, à quelques mètres de l'endroit où son fils Kevin a été assassiné. Ce 28 septembre, elle est rentrée de son cabinet vers 21 heures. Il faisait déjà nuit noire. Les pompiers venaient juste d' vers l'h?pital les deux corps qui n'allaient pas . Quand elle s'est rendue sur place, c'était trop tard. Aux jeunes amis qui s'étaient réunis dans la salle d'attente, elle a dit : "Rentrez chez vous [url=http://www.tagverts.com/barbour.php]barbour deutschland[/url] calmement. La vie continue."
Personne ne veut qu'ils se sont enfuis ce soir-là. "Ce n'est pas facile pour eux de ce qu'ils ont vu. On n'a rien réussi à . Ils ne se souviennent plus. Ils sont plus jeunes, ils ont sauvé leur peau comme ils pouvaient", dit Steven.
La vie est plut?t paisible à la Ville Neuve d'Echirolles, surtout dans ce quartier des Granges. Le parc Maurice-Thorez, où ont été retrouvés les deux corps, à quelques dizaines de mètres d'écart, est un lieu agréable et fleuri, à deux pas de l'arrêt du tram qui relie la ville à Grenoble. Les enfants y jouent, les vieux y méditent, les adolescents s'y retrouvent, tout le monde y passe.
ILS N'ONT PAS AIM? LE REGARD DE WILFRIED